Pascal Speter

Vers une école inclusive !!!

Dans l’interview donné par Mme Christiane Jean-Bart dans handirect.fr, chef de service de la mission handicap pour le secteur médico-social au sein de la Haute autorité de santé, nous trouvons des éclairages très intéressants sur cette évolution actuelle importante et des interrogations communes avec celles des évolutions menées au sein de l’école inclusive.

 

Mme Jean-Bart rappelle d’abord le changement de paradigme dans lequel nous sommes depuis les lois de 2002 sur la santé et de 2005 sur l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Changement auquel nous nous référons bien souvent et pour lequel nous avons décrit les changements de logique qui sont à l’œuvre.

 

Les notions suivantes, modèle écologique, accompagnement et projet de vie, établissement service, sont déclinées et décrites dans les évolutions et les changements de pratique qu’elles entrainent. En reprenant ces points, nous ferons le parallèle avec ce qui se passe pour  l’école.

 

Ainsi, elle rappelle l’importance  du modèle  écologique où l’on part du principe que la personne en situation de handicap est amenée à évoluer dans différents systèmes… L’obligation de scolarisation établie dans la loi de 2005 oblige aussi à une articulation entre différents systèmes pour construire un parcours sans rupture. Cela peut renverser les modèles habituels chronologiques qui, au fur et à mesure que l’enfant grandit,  concevaient son évolution en termes d’orientation vers du plus spécialisé.

La notion d’accompagnement du projet personnel est aussi centrale. elle s’appuie sur l’analyse des besoins de la personne et l’écoute de ses désirs… Pour l’école aussi, les actions menées s’appuient sur cette analyse des besoins éducatifs, pédagogiques dans les différentes situations vécues au sein de l’établissement scolaire. Les enseignants référents doivent aider et permettre l’expression du projet de vie que les parents et le jeune envisagent et accompagner les enseignants dans la co construction de celui-ci.

 

Enfin, la notion d’établissement-service et de coordination avec les différents acteurs est très présente. 

 

Ce qui est nouveau, explique Mme Jean-Bart, c’est que les établissements spécialisés ont fonctionné en recrutant des personnes qui avaient le profil correspondant aux compétences de l’établissement. Aujourd’hui, il est demandé que si les compétences, au regard des besoins ne sont pas là, elles soient recherchées avec d’autres, établissements, personnel médical, social … De la même manière, c’est un maillage du territoire, basé sur la complémentarité des établissements scolaires qui doit être visée afin de répondre au mieux aux besoins des élèves. Cette problématique est particulièrement présente dans les ULIS Lycée… afin de donner un choix réel aux élèves  dans leur orientation.

 

Un autre point abordé très intéressant, est celui des personnes qui ont des comportements difficiles et pour lesquels, reconnait-elle, les professionnels sont démunis. Elle explique combien ces problèmes peuvent être liés à des problèmes somatiques non détectés ou à des conséquences de traitements “calmants” dont les effets ne sont pas négligeables. Comment là aussi, ne pas faire le parallèle avec la situation de l’école ? En effet, ce sont ces difficultés de comportements qui mettent à mal l’ambiance d’une classe, voire même interrogent la poursuite de la scolarisation dans un établissement scolaire. Derrière ces manifestations, nous ne voyons pas toujours, combien elles sont liées entre autres, à un sentiment de non réussite dans les apprentissages. Les conditions de scolarisation avec des classes parfois surchargées interrogent le système, l’institution.

 

Enfin, comme pour l’école, la formation des professionnels est interrogée. N’avons-nous pas le même questionnement: manque d’immersion, articulation théorie, pratique, accompagnement et tutorat par des enseignants experts…

 

Nous le voyons, ce virage inclusif est une nouvelle étape dans des articulations et coordinations d’établissements médico-sociaux et établissements scolaires.

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L
Quand va t on réellement utiliser ce qui existe déjà et qui fonctionne bien, comme l intervention des Sessad? Luc Educateur
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L
Bonsoir , pour répondre a Mr concernant l'intervention des sessads , êtes vous au courrant que les délais d'attentes après inscription sont de une à deux années d'attente. de plus certaine école n'apprécie pas l'inclusion des enfants en situation d’handicap
C
« Vers une école inclusive » doit promouvoir une École qui n’exclut plus les élèves en grande difficulté ou en situation de handicap, permettre un accueil bienveillant et compréhensif ainsi qu’une scolarisation de qualité. Cette École doit favoriser auprès des différents acteurs une compréhension du modèle environnemental du handicap dans lequel la notion de besoins éducatifs particuliers dans son acception large s’impose. Finalement ce sont toutes les situations de « vulnérabilité d’apprendre » pour lesquelles le modèle biomédical et catégoriel doit être dépassé qui interrogent les représentations sur le métier enseignant, sur le handicap, la difficulté scolaire et aussi sur l’acte d’apprendre et d’enseigner. Il s’agit de penser les besoins éducatifs particuliers comme besoin d’aides particulières proposées à tous et qui contribuent à replacer la pédagogie comme recherche d’accessibilité universelle aux savoirs, savoir-faire et savoir être.
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