25 Novembre 2019
Retrouvez la tribune d'Alice le Moal, Secrétaire générale adjointe du Mouvement Démocrate, à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.
25 novembre : journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes
Ce lundi, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, permet d’abord de rappeler quelques faits.
Aujourd’hui en France, une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. La France est le 2e pays en Europe où les femmes subissent le plus de violences, après l’Allemagne, devant le Royaume Uni et l’Italie.
Dans le monde, 1 femme sur 3 est victime de violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie, et selon l’ONU, 87 000 femmes auraient été tuées sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon, en 2017. La mort d’une femme constitue la forme ultime de cette violence mais il nous faut également mentionner les multiples violences de toute natures infligés aux femmes et jeunes filles, violences physiques et psychologiques, viols...
Ces violences faites aux femmes heurtent profondément nos valeurs humaines fondamentales.
Rappelons également qu’elles représentent un coût pour la société :
Selon une étude de 2014*, en France, le coût total pour la collectivité serait de 3,6 milliards d’euros par an, dont des pertes de production de près de 1,4 milliard, des frais de police et de justice de 256 millions, des soins de santé de 290 millions, une incidence sur les enfants de près de 422 millions d’euros, pour ne citer que les principaux postes budgétaires.
Nous sommes tous concernés, comme citoyens, et à plus forte raison comme acteurs de la vie publique. Que pouvons-nous faire, chacun à notre niveau ?
Beaucoup est déjà fait : il faut rendre hommage aux très nombreux acteurs locaux, institutionnels et associatifs, dans les collectivités, dans les commissariats, dans les tribunaux, qui se mobilisent pour tenter d’apporter des réponses. Il reste beaucoup de chemin à parcourir, pour mieux former les professionnels dans l’accompagnement des plaintes, les soignants, les forces de l’ordre, les magistrats, pour sécuriser les femmes dans le processus de dépôt de plaintes et les suites de celui-ci.
Mais pour venir à bout de ce fléau, l’échelon local doit poursuivre et amplifier ses efforts.
Prévenir, inlassablement
La violence s’invite chaque jour à l’école, dans les images, sur nos lieux de travail, dans l’espace public… Notre conviction est qu’il faut, d’abord, investir massivement dans la prévention en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Investir sur les causes au moins autant que sur les conséquences de cette violence. Pour développer une culture de la bienveillance, de la non-violence et de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Nous saluons l’action du Gouvernement qui se saisit de la question au travers du Grenelle des violences conjugales porté par Marlène Schiappa, Secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, ou encore au Parlement avec l’adoption de textes loi visant à faciliter la prise en charge des femmes victimes de violences dites "conjugales".
Mais pour venir à bout de ce fléau, l’échelon local doit poursuivre et amplifier ses efforts. Car, la vigilance et l’accompagnement de proximité sont indispensables pour favoriser le développement d’une prévention de qualité, d’une prise en charge immédiate et d’un suivi permettant à chacune de ces victimes de se reconstruire en sécurité, notamment par la politique de logement.
Les ressources sont nombreuses. Citons par exemple le centre de ressources pour les collectivités locales Hubertine Auclert en Ile-de-France; à chaque collectivité de s’en saisir, chaque maire, chaque conseil municipal peut mettre à profit ces outils et les développer pour s’adresser aux écoliers, collégiens, lycéens, et construire, année après année, des générations de jeunes attentifs à l’égalité des sexes et à la non-violence. Les équipes éducatives dans les établissements scolaires doivent également continuer à se former à ces enjeux d’égalité entre les femmes et les hommes. Le rapport annuel de situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, prévu par la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes en son article 61, doit permettre aux collectivités locales de poser un diagnostic clair et précis des actions menées en la matière. Évaluer ses politiques en matière d’égalité femmes-hommes, à tous les échelons, en particulier à l’échelon local, est non seulement efficace mais indispensable pour parvenir à l’égalité réelle, et agir sur les causes des violences faites aux femmes.
Sur ce fléau, soyons toutes et tous mobilisés, à tous les niveaux, le 25 novembre, comme tous les jours de l’année.
* rapport scientifique Psytel, 2014, Insee